Le gouvernement poursuit son entreprise de déstabilisation et de réduction de la place et du rôle de l’État et des services publics. Bercy et la Direction générale des finances publiques (DGFiP) sont au cœur de ce plan. A la DGFiP, le projet dit de « géographie revisitée » (voir notre rubrique sur le sujet) consiste en une réduction sans précédent de ses services territoriaux accompagnée de transferts de services. Tout cela sur fond de poursuite des suppressions d’emplois : 4900 d’ici 2022 alors que la DGFiP a déjà perdu plus de 40 000 emplois depuis 2002.
« En même temps, », le gouvernement entend créer entre 500 et 700 maisons France services (MFS), les maisons des service au public (MSAP) existantes s’alignant progressivement sur ce modèle pour pouvoir atteindre le seuil de 2000 MFS.
Dans sa communication, le gouvernement mélange l’évolution du réseau territorial de la DGFiP et le maillage des MFS qui comportent peu d’agents (2 la plupart du temps) et constituent un « point de contact » en lien avec de nombreux services et opérateurs de l’État. Les MFS, rappelons-le, ne sont pas des services de la DFGiP, laquelle n’y sera présente physiquement que de temps à autre : de fait, seul l’ordinateur connecté à la DGFiP y sera quotidiennement présent…
Ce service public « low cost » ne peut satisfaire ni les usagers et leurs élu.es ni les agent.es (notamment celles et ceux dont le service sera supprimé, restructuré ou transféré).
Depuis ce printemps, de nombreuses actions ont lieu : grèves, rassemblements, conférences de presse locale (avec des reprises presse en nombre), échanges avec les élu.es (on dénombre plusieurs centaines de vœux votés dans les conseils municipaux contre la suppression des services de la DGFiP, et ce mouvement se poursuit), etc. Localement, les déplacements du ministre et du directeur général donnent lieu à des « comités d’accueil ».
Le 16 septembre, l’intersyndicale DGFiP appelle à une journée nationale de grève et d’actions, elle tiendra une conférence de presse le vendredi 13 à Paris.
Le bateau tangue. En haut lieu, les pouvoirs publics tentent de se maintenir à flot et de calmer le jeu, mais ils font preuve d’une nervosité manifeste.
- Le 11 juillet, le Directeur général envoyait un courrier à tous les agent.es pour tenter de les convaincre du bien fondé de ce projet.
- Le 4 septembre, dès la rentrée et à quelques jours de la journée de grève et d’actions du 16 septembre, c’est le ministre de l’action et des comptes publics qui s’adressait aux agent.es.
- En interne, les « éléments de langage » ont été transmis aux cadres dont un grand nombre navigue dans le brouillard faute d’information...
Rien n’y fait. La stratégie de communication des pouvoirs publics se résume à ce qu’elle est : une stratégie de communication. Elle ne peut expliquer ni justifier le décalage entre des éléments de langage et la réalité d’un projet. Elle n’a d’ailleurs pas empêché la poursuite des actions durant la période des congés et en cette rentrée. On attend désormais impatiemment le courrier du Premier Ministre, en attendant peut-être mieux…
Au sein de la DGFiP, administration historiquement marquée par un très fort attachement des agent.es au service public, le sentiment de colère et d’injustice devant les évolutions passées et annoncées est profond. Le sentiment de nombreux élu.es et citoyens est comparable. Le gouvernement ne peut plus se contenter de communiquer pour d’édulcorer ses projets : ceux-ci sont connus. Ils sont combattus au nom d’un service public de proximité, efficace et au service de l’intérêt général, une idée toujours moderne...