C'est par une chaleur écrasante et en alerte rouge caniculaire que s'est déroulé à Noisiel le dernier conseil de promotion des inspecteurs et inspectrices promotion 2024/2025, le 1er juillet dernier.
Liminaire
Ce conseil de promotion se tient dans un contexte particulièrement anxiogène, marqué par une inflation persistante, une situation politique et sociale profondément instable et un climat de violence général.
Le jeudi 20 juin en fin d'après-midi, une stagiaire C en formation initiale à l'ENFiP Noisiel a été violemment agressée par un inconnu, alors qu’elle regagnait son hébergement après les cours, accompagnée de deux autres stagiaires.
Solidaires Finances Publiques exprime tout son soutien à cette collègue, ainsi qu’à l’ensemble des stagiaires de Noisiel et aux personnels de l’établissement.
Nous saluons la réactivité de l’ENFiP et de la Direction Générale, notamment la mise en place rapide d’une cellule psychologique pour accompagner les personnels et stagiaires. Nous sommes soulagés d’apprendre que notre collègue a pu quitter l’hôpital et retrouver sa famille.
Nous ne pouvons pas non plus commencer cette déclaration liminaire sans revenir sur le résultat du marché public concernant la Protection Sociale Complémentaire dans notre ministère et qui met fin à notre histoire mutualiste.
Pour Solidaires Finances Publiques, Alan start-up licorne est sans aucun doute le choix du pire, consacrant ainsi l’idéologie de notre ministère où tout doit être marchandise, tout doit rapporter des profits à une minorité au détriment du plus grand nombre y compris notre santé ! Nous ne l’acceptons pas et nous continuerons à nous y opposer.
Ce choix est éminemment idéologique, éminemment politique et il a été permis lorsque Madame De Montchalin, par ordonnance en 2021, a mis fin au référencement mutualiste à la Fonction publique et a ouvert notre mutuelle au marché public.
Face à un tel choix, notre fédération Solidaires Finances défendra à la virgule près notre accord ministériel mais regardera aussi de près l’ensemble des engagements d’ALAN qui lui a permis de remporter le marché.
Par ailleurs, il ne vous aura pas échappé que notre pays est frappé par un dôme de chaleur causé par le dérèglement climatique. Nous regrettons avoir dû intervenir avec force pour protéger les collègues de Clermont-Ferrand en permettant la fermeture de l’école, ce qui aurait dû relever de la direction de l’ENFiP.
Comment comptez-vous agir pour prévenir ces situations qui se multiplient ?
Alors que notre scolarité touche à sa fin, nous participons à ce dernier conseil de promotion et nous souhaitons également aborder les perspectives concernant les promotions 2025/2026.
Après avoir obtenu l’appel intégral des listes complémentaires des concours internes A et B généralistes et une partie du concours externe B généraliste, c’est grâce à des interventions répétées et argumentées de Solidaires Finances Publiques que l’administration a procédé à un ultime appel de listes complémentaires pour :
- 3 collègues sur la liste complémentaire du concours interne d’Analyste,
- 5 sur le concours externe PSE,
- 15 sur le concours externe de Contrôleur Programmeur.
Nous nous félicitons de ces appels complémentaires mais dénonçons fermement le refus de l’administration de faire appel à l’ensemble des listes complémentaires en attente pour les concours de la DGFiP. Ce choix est incompréhensible au regard des besoins.
Des inquiétudes majeures sur le coût d’une formation initiale à la DGFiP
À l’heure actuelle, les choix politiques austéritaires mettent à mal les politiques publiques, les services de l’État et, en particulier, notre administration. Solidaires Finances Publiques alerte une nouvelle fois sur les conséquences graves de ces orientations sur nos missions et nos conditions de travail.
S’agissant des stagiaires en formation initiale, nous réitérons notre revendication de revalorisation significative des indemnités de stage, gelées depuis 2006. Dans un contexte d’inflation persistante, les charges supportées par les stagiaires placent nombre d’entre eux dans des situations financières extrêmement précaires.
C’est inacceptable. La formation professionnelle ne doit jamais être un coût pour les agents !
Concernant les estivales, nous saluons la possibilité offerte cette année aux stagiaires n’ayant pas validé leur scolarité de ne pas y participer. Nous demandons à nouveau que les frais soient intégralement pris en charge, la date communiquée plus en amont et l’envoi de directives précises aux directions concernant les délais de route : Lille-Toulouse se fait difficilement en 3h !! Nous vous proposons à nouveau d’intégrer ces conférences dans le parcours de formation obligatoire complémentaire à l’automne. Cette solution permettrait la prise en charge des frais de transport en frais de mission et les retrouvailles entre stagiaires très appréciées, qui soulignent le besoin des collègues de favoriser les moments d’échanges.
DGFiP : un miroir aux alouettes ?
Parlons d’"inattractivité".
L’ensemble des ENFiP vont accueillir des promotions importantes. Cela soulève plusieurs questions et certaines limites sont d’ores et déjà atteintes ! Les établissement seront-ils en capacité de proposer des hébergements à l’ensemble des stagiaires qui en feront la demande ? L’expérience nous montre que NON, les établissements ne disposent pas des capacités suffisantes. L’an dernier, même l’école de Clermont-Ferrand a atteint ses limites et n’a pas pu proposer suffisamment de solutions d’hébergement.
D’ailleurs, parlons de l’école de Clermont-Ferrand qui ne peut plus proposer un nombre de berceaux suffisant pour accueillir les enfants des stagiaires. Toutes les places disponibles ont été attribuées mais, à ce stade, 12 demandes ne peuvent pas être honorées. Après recherche, nous avons appris qu’une option de 10 places additionnelles avec une crèche qui vient de perdre un contrat d’entreprise et qui cherche des enfants aurait été refusée ? Cette crèche risque de devoir licencier si elle ne trouve pas d’enfants et nous savons que les futurs stagiaires concernés risquent de devoir refuser le bénéfice du concours faute de mode de garde. Solidaires Finances Publiques dénoncera cet état de fait si aucune solution n’est trouvée. Comment la DGFiP peut-elle parler d’attractivité et d’inclusion quand elle ne peut pas proposer aux familles d’allier vie personnelle et formation ?
Rappelons que ce sont majoritairement des femmes et familles mono-parentales qui sont impactées !
D’ailleurs, nous exigeons que le vendredi de l’Ascension soit une suspension de cours. Tous les ans, beaucoup de stagiaires sont en difficulté pour faire garder leurs enfants. Nous demandons donc à l’ENFiP de se positionner clairement sur le sujet afin d’éviter des disparités de pratique entre stagiaires.
Dans un contexte de forte saturation du marché immobilier et d’augmentation des loyers, Solidaires Finances Publiques rappelle la situation précaire de certains stagiaires obligés de se loger par leurs propres moyens, faute de places dans les foyers gérés par l’ASFL. De manière générale, le parc immobilier mis à disposition des agents est largement insuffisant. Tout cela participe à la perte d’attractivité de notre administration.
Concernant l’attractivité, nous avons pris note de l’intention de la Direction Générale d’expérimenter un concours régional. Solidaires Finances Publiques s’y oppose. L’exemple du « concours Île-de-France » a montré ses limites : il n’a pas atteint ses objectifs et a généré inégalités et incompréhensions lors des affectations. L’unicité des concours nationaux doit être préservée.
Chaque année, de nombreux stagiaires A sont affectés d’office à Toulouse dans la filière foncière, sans l’avoir demandée. Cela témoigne d’un manque d’attractivité du bloc foncier, mais aussi d’un défaut de communication sur ses missions et de débouchés géographiques. D’ailleurs, nous revendiquons de rendre public les critères d’affectation sur l’école des Toulouse.
Solidaires Finances Publiques demande la mise en place d’un concours spécifique pour cette filière, afin de garantir un engagement volontaire des candidats et une stabilisation des effectifs.
Parlons maintenant des affectations au choix et au fil de l’eau des inspecteurs. Solidaires Finances Publiques réitère son opposition ferme à la mise en place de cette réforme. Les conséquences négatives seront nombreuses : désorganisation des services, filiarisation des agents et de ce fait un manque d’attractivité de la DGFiP.
Formation initiale : repenser le modèle
Nous tenons à remercier l’ensemble des personnels administratifs et pédagogiques pour leur implication tout au long de l’année. Leur engagement est reconnu et salué par les stagiaires.
Nous exprimons également notre préoccupation pour les équipes administratives et enseignantes, dont la charge de travail va mécaniquement continuer de s’alourdir. Les formateurs et formatrices doivent être mieux soutenus : les délais imposés pour faire tenir les modules et leurs reformulations sont intenables et pèsent lourdement sur leur qualité de vie au travail emportant parfois des conséquences sur le climat dans les salles de cours. Dans ce contexte, nous avons connaissance de situations tendues menant à des comportements agressifs et inacceptables.
Pour autant, Solidaires Finances Publiques revendique une dé-densification de la scolarité. La formation doit permettre une meilleure assimilation des contenus, une amélioration de la qualité pédagogique et une meilleure conciliation entre vie professionnelle et personnelle.
Nous insistons également sur la nécessité de préserver le stage de découverte, essentiel à une meilleure compréhension des missions futures.
Le recentrage de la formation sur un objectif d’évaluation probatoire, au détriment d’une réelle appropriation des savoirs, est anti-pédagogique. Il faut sortir de la logique de bachotage pour revenir à un apprentissage durable et pertinent pour l’exercice des métiers.
Sur le format Ariane 4+1 et les outils numériques
Le format « 4+1 » a été instauré pour répondre à la surcharge des établissements. Mais il ne doit pas se faire au détriment de la qualité de l’apprentissage. Il est essentiel que chaque stagiaire dispose :
- d’une connexion Internet stable (clé nomade si besoin),
- de casques,
- et d’un poste de travail ergonomique.
Nous dénonçons la dégradation des conditions de formation liée à ce dispositif. Les problèmes techniques sont nombreux :
- surcharge et lenteurs,
- accès difficile aux plateformes,
- ergonomie défaillante de la plateforme Odissée, dont l’arborescence et les intitulés sont confus.
En cette fin de scolarité, notre bilan concernant ce format nous interroge sur le choix des modules pédagogiques choisis. Les stagiaires voient essentiellement cette journée en distanciel comme une opportunité de respiration dans une formation déjà trop dense. De ce fait, il ne nous paraît pas raisonnable d’imposer des modules lourds et complexes.
Ces outils doivent être repensés pour servir la pédagogie et ne pas la freiner.
Accessibilité et inclusion
L’aménagement des postes de travail pour les collègues en situation de handicap doit être une priorité. Chaque situation est unique et nécessite une réponse individualisée, anticipée avant la rentrée.
Le rôle du correspondant handicap doit être renforcé, avec des moyens dédiés pour accompagner au mieux les stagiaires concernés tout au long de leur scolarité.
Avant d’aborder le contenu précis des fiches, il est inacceptable que 17% des stagiaires soient affectés en dehors de leur pré-positionnement. De plus, nous dénonçons les 5% de stagiaires qui n’ont pas de tuteur.
En conclusion, Solidaires Finances Publiques exige des réponses concrètes à l’ensemble des points évoqués. Cette instance ne saurait se réduire à une formalité : elle doit être un espace d’écoute, de transparence et d’engagement.
Compte-rendu
Ce conseil de promotion a débuté par la lecture de la déclaration liminaire de Solidaires Finances Publiques, dont nous analyserons le contenu en détail plus loin. Dès l’introduction, nous avons tenu à exprimer notre soutien plein et entier à notre collègue stagiaire, victime d’une violente agression par un inconnu à la sortie de l’ENFiP de Noisiel en rentrant à son domicile.
Par ailleurs, nous avons fermement dénoncé le choix imposé de la startup "licorne" ALAN comme mutuelle. Ce choix, opéré sans réelle concertation, illustre une logique de marchandisation de la protection sociale, à rebours des principes de solidarité que nous défendons.
Travailler au chaud : la nouvelle norme selon la Direction
Solidaires Finances Publiques a déploré avoir dû intervenir à plusieurs reprises, de manière ferme et proactive, pour que des mesures soient enfin prises face aux effets du dérèglement climatique, notamment dans les écoles de Clermont-Ferrand et Noisy, où la santé des collègues a été mise en danger.
Nous avons exigé que le principe de précaution soit respecté et que des actions préventives soient mises en œuvre sans attendre nos alertes répétées. Nous avons également demandé la réparation urgente des systèmes de climatisation.
La direction de l'ENFiP a répondu que des mesures avaient été engagées, tout en nous appelant à « nous habituer » à la dégradation du climat, faute de budget suffisant pour la climatisation. Elle a souligné que des formations à l’éco-responsabilité sont suivies par les administrateurs de l’État et seront étendues aux agents, formations que nous jugeons insuffisantes. Pour Solidaires Finances Publiques, c'est une réponse inacceptable au regard des enjeux sanitaires et sociaux.
Les Estivales : à vos frais et à vos risques !
Solidaires Finances Publiques a dénoncé fortement une organisation des conférences estivales encore une fois déplorables par l’ENFiP, tout en soulignant qu’elles ont été globalement appréciées par les stagiaires car elles sont l’occasion de retrouvailles. Néanmoins, la direction a reconnu que, grâce à notre proposition lors du dernier conseil de promotion, les stagiaires n’ayant pas validé leur formation en établissement, ne sont plus obligés d’y participer. Nous soulignons une avancée concrète obtenue grâce à nos interventions.
Si certaines conférences avaient leur intérêt, nous sommes revenus sur les propos dénigrants tenus par une cheffe d’entreprise lors de la table ronde "entrepreneurs" organisée à Clermont-Ferrand et nous avons regretté l’absence de réaction en direct par les représentants de l’administration.
Ensuite, nous avons été surpris d’apprendre lors de ce conseil les raisons de l’origine des conférences estivales : la volonté de départ de l’ENFiP était d’organiser, pour les stagiaires en bloc contrôle fiscal, un stage en entreprise. Face aux difficultés concrètes d’organisation de cette proposition, l’option des conférences estivales a été retenue.
Solidaires Finances Publiques a proposé la transformation des estivales en automnales en les intégrant dans le parcours complémentaire de formation initiale obligatoire. Cette proposition aurait l’intérêt de permettre la prise en charge complète des frais de mission par les directions locales, d’assurer le respect des délais de route et des autorisations d’absence tout en favorisant des retours d’expérience entre collègues plus riches. Espérons que l'ENFiP mette en place cette proposition ! Affaire à suivre !
Attractivité de façade !
Solidaires Finances Publiques a rappelé le gel du montant de l’indemnité de stage depuis 20 ans. Nous avons encore réclamé avec force la revalorisation de ces indemnités. L’administration de l’ENFiP a réitéré la transmission systématique de ces revendications salariales à l’administration centrale.
Par ailleurs, nous avons dénoncé le manque de places en crèches à Clermont-Ferrand qui nuit à l’attractivité de notre administration. Une solution existe pourtant avec une crèche menacée de perte de berceaux faute d’enfants et de partenariats avec des employeurs. Cependant, la direction a répondu que la réservation des places ne relève pas uniquement de l’ENFiP, mais de décisions communes avec le SRH. Solidaires Finances Publiques a exigé qu’une solution soit trouvée urgemment.
Solidaires Finances Publiques a demandé à la Direction de clarifier les critères d’affectation à l’Ecole de Toulouse. De nombreux stagiaires s’y retrouvent affectés d’office, sans l’avoir demandé. Nous exigeons de la transparence, pas des décisions arbitraires.
La réponse de la Direction a été floue, puis elle a affirmé que tous les affectés à Toulouse avaient coché la case « Formation foncière » lors de l’inscription au concours. Un argument que nous savons faux ! La Direction persiste à défendre un système opaque ! À l’avenir, nous invitons nos adhérent.es et sympathisant.es concerné.es à nous contacter.
Des règles à géométries variables
Que ce soit pour les frais ou les horaires, l’ENFiP a rappelé qu’elle envoyait des notes complètes voire exhaustives sur les conditions des stagiaires lors de la formation pratique probatoire. L’ENFiP confirme que ces notes ne permettent pas des situations disparates selon les directions, mais nous continuons à dénoncer les largesses prises par les directions locales. Ce n’est pas aux stagiaires de tenir tête à la direction locale pour que des règles minimales soient respectées.
Nous avons réitéré notre demande de suspension de cours pour la journée du vendredi de l’Ascension dans un souci d’équité et surtout pour garantir le droit des femmes et des familles monoparentales qui sont fortement impactées. La Direction a soutenu que les stagiaires doivent être soumis aux mêmes règles que les agents titulaires alors même que nous n’avons pas le même statut et que nous savons que nos collègues disposent de congés pour être absents ce jour-là.
Nous savons également que dans certains services, nos collègues se retrouvent à avoir une amplitude horaire dépassant le cadre juridique des 35 heures. Nous l’avons fait remarqué aux représentants de la direction qui ne nous ont apporté aucune réponse, ce qui pour nous fait preuve de mépris.
Des taux d’échec inacceptables, sans remise en question
Solidaires Finances Publiques a dénoncé les taux d’échec massifs dans certaines UC, comme les 77 % à l’UC 3 du bloc SPL. L’administration semble considérer ces écarts comme « normaux », sans proposer d’analyse sérieuse ni de solution. Nous jugeons inacceptable qu’une telle situation ne suscite aucune remise en question.
Sur la dé-densification, l'ENFiP annonce une refonte des blocs fonctionnels, notamment en CF et SPL, avec des parcours recentrés sur les fondamentaux et un complément de formation renforcé. Une annonce encore floue, dont nous attendons des précisions concrètes.
Questions diverses
Solidaires Finances Publiques a demandé à l'ENFiP des précisions sur le taux d’échec des collègues membres de la coopération internationale en scolarité dans les établissements de l’ENFiP, qui viennent chercher ici un diplôme prestigieux et capital pour leur retour dans leur pays.
Elle nous a répondu que cette année trois coopérants n’ont pas validé leur formation en établissement. Il n’y a pas d’explication commune sur ces échecs : « souvent les coopérants ne sont pas loin, mais au dessous de la barre de validation ». La direction de l’ENFiP n’est pas opposée sur le principe à notre demande d'un aménagement du temps de composition aux épreuves (allongement du temps des épreuves). Solidaires Finances Publiques estime que cette piste est à suivre.