SOLIDAIRES FINANCES PUBLIQUES

Au regard du contexte dramatique que les collectifs de la DGFiP vivent actuellement avec un nombre d'actes suicidaires en augmentation particulièrement inquiétante, Solidaires Finances Publiques a donc exigé de l'administration que des réflexions sur le travail s'engagent afin de mettre en place des actions concrètes sur l'organisation du travail.

Compte-rendu

À notre grande surprise, c’est la Directrice Générale elle-même qui a présidé ce groupe de travail (GT) en présence également du Directeur Général Adjoint. Une manière sans doute d’afficher sa volonté de s’emparer pleinement du sujet… ou peut-être une réaction à la médiatisation récente ? Difficile à dire.

Dès l’ouverture, les échanges sont revenus sur les propos inacceptables du ministre Lombard, qui a affirmé que les situations dramatiques que nous connaissons « ne sont pas liées à des raisons d’organisation, de charge de travail ou de management ». Une déclaration choquante, méprisante pour les agents et totalement déconnectée de la réalité du terrain. Si le ministre n’a rien de pertinent à dire, il vaudrait mieux qu’il s’abstienne.

La réunion s’est tenue dans un climat très lourd, marqué par une série de suicides parmi les agents et agentes. Face à cette situation, la Direction générale a annoncé plusieurs mesures :

  • L’envoi d’une instruction aux directeurs et directrices (N°1), les enjoignant à proposer une enquête de la formation spécialisée locale (FSL) en cas de suicide ou tentative de suicide, dès lors que les représentants du personnel le demandent à la majorité ;
  • la centralisation au niveau de la FSR des rapports d’enquêtes 
  • La généralisation de la formation aux premiers secours en santé mentale.

Solidaires Finances Publiques a salué la tenue de cette réunion que les organisations syndicales avaient demandé tout en exprimant une vive émotion et une profonde colère. Nous avons une nouvelle fois rappelé que les suicides et les tentatives de suicides avaient des causes multifactorielles mais qu’il fallait être certain par des enquêtes que le travail ne soit pas l’un de ces facteurs. Par ailleurs, le mal être à la DGFiP et la souffrance sont réelles et nous alertons la DG depuis de très nombreuses années. Cette situation est due à la dégradation des conditions d’exercice, aux suppressions massives de postes (32 000 depuis la création de la DGFiP en 2008), aux réorganisations et restructurations incessantes.

Nous insistons sur l’urgence d’une prise en charge réelle, concrète et à la hauteur de l’ampleur du phénomène. Il est impératif de ne pas minimiser la gravité de la situation.

Un psychiatre du CHU de Lille, spécialiste en suicidologie et traumatismes post-attentats, a été invité par l’administration. Son intervention, bien que riche d’enseignements généraux, manquait malheureusement d’ancrage dans les réalités du travail. Il a toutefois fourni quelques données utiles, notamment sur les avancées en matière de compréhension des comportements suicidaires. Il a également rappelé l’efficacité du numéro national de prévention du suicide, le 3114, qui a déjà permis une baisse de plus de 20 % des décès grâce à la prise de contact directe avec les personnes en crise.

Jusqu’à 17h, le contenu concret du GT est resté décevant. Ce n’est qu’en fin de séance que l’administration a présenté un diaporama contenant ses premières propositions. Ce document, que nous n’avions pas reçu en amont, ne nous a donc pas permis de préparer une analyse approfondie. Il a été convenu qu’il serait transmis aux organisations syndicales représentatives à la sortie de la réunion, afin que nous puissions formuler remarques et contre-propositions par écrit.

Ce document, s’articule autour de trois axes :

  1. Un état des lieux des dispositifs existants au sein des directions en matière de prévention primaire ;
  2. Une volonté affichée d’interroger systématiquement l’organisation du travail et les conditions d’exercice ;
  3. Le renforcement de la Qualité de Vie au Travail (QVT) et de la prévention des risques.

Cette réunion constituait une première étape. D’autres suivront, car ce sujet exige des travaux de fond sur le long terme. Une nouvelle rencontre est d’ores et déjà prévue début septembre.

Solidaires Finances Publiques réaffirme son engagement pour une transformation structurelle des conditions de travail, une prévention active et ambitieuse des risques psychosociaux et une politique de santé et sécurité au travail fondée sur la transparence, le respect et les besoins réels des agents et agentes.

Nous demandons des actions immédiates, concrètes et pérennes, à la hauteur des drames vécus par nos collègues et leurs proches.